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- "SAINT-JUST ET LA FORCE DES CHOSES" - LE FILM

- HISTOIRE DU FILM -


Fiche Technique
        


                         PERES - CREATEURS

Le téléfilm «Saint-Just et la force des choses» est basé sur l'ouvrage éponyme d'Albert Ollivier. Ollivier avait eu l'idée de ce livre (publié en 1954 chez Gallimard, avec une préface d'André Malraux) en 1943, alors qu'il préparait dans les rangs de la Résistance, les programmes de la radio libre du lendemain dans Paris encore occupée. En 1958, Albert Ollivier est nommé directeur des informations à la télévision, et peu de temps après, directeur des programmes de la Deuxième chaîne récemment créée. Malheureusement, son état de santé s'est détérioré, et il est décédé en juillet 1964.

Le réalisateur du film, Pierre Cardinal, était connu à la télévision dès le début des années 1960 pour ses nombreuses adaptations d'oeuvres littéraires. Il a tourné notamment les versions télévisées des oeuvres de Voltaire, de Stendhal, de Zola, de Mauriac, de Flaubert... Proche d'Ollivier, un gaulliste convaincu comme lui et un spécialiste d'adaptations, c'est tout naturellement à lui que la veuve d'Albert Ollivier a soufflé en 1971 l'idée de présenter à l'écran la biographie de Saint-Just. Cardinal était perplexe - l'idée lui paraissait séduisante, mais irréalisable. Mais plus il y réfléchissait, plus ce projet le gagnait, ainsi que la sympathie pour le jeune héros de la Révolution. A cette époque, il travaillait justement sur l'adaptation d'un autre ouvrage historique, les «Mémoires» de Charles de Gaulle (diffusé en 1972), un téléfilm qui lui avait servi probablement d'école pour le suivant.


                         TOURNAGE

Ensemble avec Jacques-Francis Rolland, à la fois scénariste et professeur d'histoire spécialiste de cette époque, Cardinal avait écrit un projet de scénario qu'il a présenté à la direction de l'O.R.T.F., mais elle l'a trouvé trop coûteux. Revu et corrigé, le projet, initialement de 90 minutes, est adopté par la production de l'O.R.T.F. en 1972. Mais une grève des intermittents du spectacle qui dure quelques mois, stoppe le tournage. Pendant l'inaction, certains collaborateurs quittent le projet s'étant entre temps engagés ailleurs. Ensuite, la direction modifie sa demande doublant la durée de la future dramatique télévisée; le projet est de nouveau retravaillé. Enfin, au début de l'année 1974, commence le travail de création des décors et de repérage des lieux de tournage mené par le décorateur remarquable Alain Nègre. Le tournage démarre en juin 1974; il dure 45 jours. La plupart des scènes sont tournées à l'extérieur, à Chinon, à l'abbay de Turpenay, au château de Méry-sur-Oise, à Saint-Denis, à Vincennes, à Ermenonville, à Paris.... Au mois de novembre de la même année, les séquences de guerre sont filmées en Alsace. Seules les scènes à la Convention et dans la chambre de Robespierre ont été tournées dans les studios de Joinville. Le rôle principal est joué par un jeune comédien, Patrice Alexsandre, le rôle de Robespierre est interprété par Pierre Vaneck.

Cardinal travaillait sur le film avec beaucoup de minutie. La ressemblance physique de l'acteur avec son personnage était pour lui primordiale, et la sélection des participants avait été faite avec soin. Les scènes historiques avaient été très exactement reproduites, les discours des révolutionnaires et les textes des dialogues à la Convention étaient repris à partir des procès-verbaux des séances. Les créateurs du film voulaient présenter les événements de la Révolution surtout sur le plan individuel, de mettre en évidence les mobiles et les intentions des hommes, sans peindre les mouvements des masses populaires. Comme a dit Pierre Cardinal, «la vie de Saint-Just est un prétexte pour montrer de l'intérieur cette Révolution que, malgré tout, on ne connaît pas bien. C'est aussi, en quelque sorte, une clé pour la compréhension du caractère si impénétrable de Robespierre. Saint-Just permet de mieux comprendre Robespierre en lui rendant une dimension humaine». Cardinal voulait montrer que la Terreur fut le résultat non point de la volonté délibérée d'un homme, mais de l'inexorable «force des choses».


                         LE JOUR J - LA DIFFUSION

Le projet était considéré par la direction de la télévision comme un hommage posthume à Albert Ollivier, 10 ans après sa mort. En même temps, le téléfilm correspondait aux tendances générales cinématographiques de l’époque 60-70 imprégnée par l'école des Buttes-Chaumont, où l'on dénotait d'une part, un intérêt certain pour l'histoire et celle de la Révolution en particulier, et l'apparition des films mettant en scène les conceptions historiques des historiens de renom, et d'autre part, une audace créative permettant de relever le défi d'adaptation à l'écran d'un ouvrage non point littéraire, mais historique. Mais il est à noter qu'avec ce film s’intéressant aux vedettes de la Révolution, Cardinal allait à l'encontre de la tendance «décentralisante» des représentations historiques des années 1970, qui (re)découvrait les héros inconnus des masses révolutionnaires, le monde rural et le microcosme d'un village pour parler de l'histoire de la Révolution.

Enfin c'est arrivé: le samedi 27 septembre 1975, le premier épisode du film est diffusé à 20 h 30 sur la deuxième chaîne, et une semaine après, le 4 octobre, le deuxième épisode est à son tour sur les petits écrans. Hélas, Cardinal considère son ouvrage comme un échec, et l'accueil que la critique lui réserve, vient parachever sa déception. Quelques opinions neutres sinon bienveillantes, se perdent dans un cri général de désapprobation, tant dans les articles des critiques que dans certaines opinions des téléspectateurs.
Pour la droite, le film aurait «manqué de grandeur et d'inspiration»; elle en critiquait donc les menus détails. Elle était mécontente et par le physique de Saint-Just car à la place du Brutus elle retrouvait «un pastoureau de Greuze», et par le travail des accessoiristes et des caméras, qu'elle trouvait mauvais et statique. Cette dernière accusation est d'autant plus étonnante qu'Albert Schimel, directeur de la photographie, est un maître incontestable dans son domaine et la caméra dans le film est dynamique et mobile à souhait.
La gauche décriait la représentation caricaturale tant du peuple que des personnages centraux, la «défiguration de la réalité historique». Si cette opinion paraît un peu justifiée, la faute en incombe plus à l'ouvrage d'Ollivier qu'à son adaptation.

Quoi qu'il en soit, il est très dommage que ces disputes idéologiques ont réussi à occulter la dynamique passionnante du film, la prestation superbe des acteurs et le message émotionnel d'une grande puissance que porte le film.


- C'est pourquoi je souhaite vivement combler cette lacune et rendre sur les pages de ce site un hommage sincère et bien mérité au film, à ses créateurs et aux acteurs. Qu'ils n'aient pas été compris à l'époque, soit. Mais ils ont trouvé en 1989 des admirateurs qui sont là pour comprendre leur oeuvre et pour apprécier leur travail et qui gardent toujours leur souvenir au fond de leurs coeurs -


Mise en ligne: 22 janvier 2008

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- 25 AOUT 2006 -
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