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- "SAINT-JUST ET LA FORCE DES CHOSES" - LE FILM

     Ce film est disponible sur le site de l'INA.

- CONTENU DU FILM -

Pour comprendre le film, il faut auparavant connaître assez bien les événements de la Révolution, car les raconter et les expliquer ne fait pas partie de ses objectifs. Le film veut surtout saisir la conduite, les motivations et les réactions des hommes dans le tourbillon révolutionnaire.

Il ne faut pas perdre de vue que le «Saint-Just» est avant tout une adaptation de l'ouvrage d'Albert Ollivier, et comme toute adaptation qui se respecte, elle doit reproduire l'original le plus fidèlement possible. Or, il y a chez Ollivier deux idées principales:

- considérer les événements de la Révolution d'automne 1793 - hiver 1794 (et suivants) à travers le complot du baron de Batz,
- prouver qu'il y avait avant thermidor des graves dissensions entre Robespierre et Saint-Just, et ce dernier ne serait donc plus ni ami ni partisan du premier, mais son adversaire sinon son rival.

Le film ne reprend à son compte que la deuxième, mais arrive à la transcrire avec une netteté parfaite. D'une scène à l'autre, Saint-Just passe progressivement toutes les étapes: de l'admirateur obscur et l'élève à l'ami et l'égal, puis prend la position du plus fort, pour finir par déchanter et se distancer, déçu et désabusé par son ami d'hier, mais englobé malgré lui dans sa chute. Tous les autres événements de la Révolution se développent et se greffent sur le tableau des relations de Robespierre et de Saint-Just.


Episode I - La victoire

Le film débute en 1790 à Blérancourt, petit village de Picardie, où le jeune et ardent Saint-Just, soutenu par ses amis, mène un combat pour les idées nouvelles. Son désir le plus cher, c'est d'aller à Paris, au coeur des événements révolutionnaires, pour y continuer la lutte pour la liberté et l'égalité aux côtés de Robespierre dont il est un fervent admirateur. Il lui écrit une lettre enflammée où il l'appelle un grand homme, député de la république et de l'humanité.

En automne 1791, Saint-Just est désespéré - son ennemi le notaire Gellé et ses acolytes lui ont barré l'accès aux élections à la Législative, car il est trop jeune, il n'a que 24 ans! Et il n'y a pas d'élections avant deux ans, ce qui le plonge dans un chagrin noir. Il ne sait pas que son attente va durer moins d'une année - la révolution du 10 août 1792 va renverser la monarchie à Paris, et une nouvelle assemblée constituante, la Convention, sera élue. Plus rien n'empêche Saint-Just de voler à Paris, à la rencontre de Robespierre et de son destin, car il a enfin 25 ans!

Première rencontre avec Robespierre. Maximilien est froid et méfiant: il est fatigué des luttes incessantes, blessé par les trahisons des ex-alliés, et il a sur les épaules les reniements des amis d'hier. Mais ce beau jeune homme timide, ne ressemble pas aux autres. Peut-être, pourront-ils être amis... Il est sincère, intelligent et dévoué aux idées de la Révolution. Il est certes inexpérimenté, mais là, Maximilien pourra l'aider. Car il n'a point oublié une certaine lettre arrivée de province...

Le premier discours de Saint-Just à la Convention sur le jugement de Louis XVI fut un franc succès. Il y a été remarqué, par la gauche comme par la droite. «Une créature de Robespierre», dit Vergniaud; «il a un visage de fille», ajoute Danton; «un fanatique, en tout cas», murmure Tallien.

«Une créature de Robespierre»? Plutôt son disciple, comme on le déduit de leur dialogue en février 1793. Robespierre est très mécontent - dans une de ses interventions, Saint-Just s'est risqué de défendre les pétitionnaires des sections de Paris, qui demandaient la taxation des prix, et maintenant, la Gironde accuse les Montagnards de favoriser les troubles. «Ah, tu manques d'expérience!», s'est plusieurs fois écrié Maximilien.

L'expérience s'acquiert vite, surtout dans une suite fiévreuse des événements qui s'enchaînent. La colère du Père Duchesne Hébert, l'insurrection populaire du 31 mai 1793, l'assassinat de Marat, l'arrivée de Robespierre, après Saint-Just et Couthon, au Comité de Salut Public que Danton est obligé de quitter... Il n'y a plus de maître et de disciple, Antoine et Maximilien se parlent désormais en égaux. Antoine persuade Maximilien d'accepter les exigences du peuple, d'adjoindre au Comité Billaud et Collot, proches des Cordeliers et d'Hébert, et Robespierre est d'accord avec ses arguments.

Et ensuite, Saint-Just et Le Bas partent pour la fameuse mission en Alsace, où l'armée de la République, dans une situation désastreuse, mal vêtue et mal nourrie, essuie revers sur revers. Là, Saint-Just va rencontrer l'ambitieux et explosif Hoche, ici il signera son célèbre arrêté réquisitionnant 10 mille paires de chaussures, et beaucoup d'autres pour approvisionner et discipliner l'armée. A Paris, à la tribune de la Convention, Robespierre jette les bases du gouvernement révolutionnaire, «la terreur et la vertu à la fois, la vertu sans laquelle la terreur est funeste, la terreur sans laquelle la vertu est impuissante». Il menace les factions ennemies qui, aussi différentes qu'elles puissent paraître, «marchent vers le même but - la désorganisation du gouvernement révolutionnaire et le triomphe de la tyrannie» et sont toujours prêtes de s'unir contre les patriotes.

Dans cet hiver dramatique de 1793-94, en pleine crise politique, ce dont la République a besoin, c'est surtout une bonne victoire.


Episode II - La mort

En Alsace, la République a eu une victoire assurée, mais les difficultés n'ont pas pour autant disparu. Les factions rivales assaillent le gouvernement révolutionnaires, le peuple a faim. Robespierre, surmené, est malade, et c'est à Antoine d'agir pour sauver la révolution. Son tour est venu. «Qui s'est montré ennemi de son pays, ne peut y être propriétaire», c'est ce que pense Saint-Just. Les pauvres qui défendent la cause de la Révolution, sont les puissances de la terre. Pour soulager leur sort et leur assurer une digne existence, Saint-Just fait voter les décrets de ventôse, selon lesquelles les suspects reconnus coupables seront exilés, et leurs biens redistribués aux citoyens nécessiteux. Mais ce décret met en rage Hébert et ses partisans car il leur arrache leur atout principal de lutte contre le gouvernement. Les hébertistes entreprennent une tentative d'entrainer le peuple dans une insurrection, mais Paris ne bouge pas. Ils sont arrêtés et éliminés. Vient le tour de Danton et les siens dont la mort est exigée par Billaud et Collot d'Herbois, en échange de la tête d'Hébert. D'ailleurs, Robespierre n'a-t-il pas dit, et Saint-Just n'a-t-il pas confirmé que les factions tendent en réalité au même but subversif, la perte de la République? Danton et ses partisans sont arrêtés. Le lendemain, après un rapport de Saint-Just appuyé par Robespierre, la Convention ratifie les arrestations.

Les factions anéanties, Saint-Just peut tranquillement repartir aux armées. Mais quelque temps plus tard, Robespierre le mande à Paris de toute urgence. Après deux attentats manqués commis contre lui, il a beaucoup changé. Les restes de deux factions écrasées s'unissent à nouveau et les députés couverts du crime et du sang complotent contre lui. Robespierre vit dans une ambiance d'angoisse et de dépression, il a peur de succomber avant de pouvoir affermir victorieusement la cause de la Révolution. Il cherche l'appui de Saint-Just et lui demande de faire un nouveau rapport sur la réorganisation du tribunal révolutionnaire. Mais Saint-Just ne partage pas son point de vue et repousse l'idée de renforcer la terreur, car la corde trop tendue d'un arc peut casser. Il refuse froidement de soutenir Robespierre et repart au front.

A Fleurus, l'armée de la République remporte une victoire décisive. Mais Saint-Just est accablé. La Révolution, comme Saturne, dévore ses enfants, et le triomphe de la République a coûté trop de sang... Saint-Just partait à l'armée pour y trouver la mort; il retourne à Paris, le coeur gros.

A Paris, le complot antirobespierriste grandit. Les querelles au Comité éclatent au grand jour. Carnot ne supporte pas que les robespierristes contrecarrent ses plans de guerre de conquête, Saint-Just lui, n'oublie pas l'ordre imprudent pouvant mettre en péril la victoire à Fleurus. Une dispute éclate entre Robespierre et Saint-Just d'une part, et Billaud, Collot et Carnot de l'autre. N'en pouvant plus, Robespierre quitte le Comité. Malgré tous les efforts de Saint-Just de ramener une entente, le conflit entre Robespierre et ses ennemis - les collègues du comité énervés par son autorité, et les députés corrompus menacés par lui -, croît inexorablement.

Le 9 thermidor, le complot antirobespierriste triomphe, et... commence le chemin de Saint-Just vers la mort, et l'immortalité. Fier et méprisant, il observait de la hauteur de la tribune la Convention déchaîné, et son ami qui, comme un oiseau blessé, se débattait encore pour se défendre... et pour défendre la Révolution. Saint-Just n'a pas dit un mot ni pour se protéger, ni pour aider celui à qui il avait écrit quatre ans plus tôt, «vous que je ne connais que comme Dieu, par des merveilles». En silence, il suivra Robespierre en prison, puis, libéré par la Commune insurgée, à l'Hôtel de Ville, où Robespierre sera grièvement blessé, et eux tous, arrêtés une deuxième fois, et définitivement. Alors, impassible, il va attendre la fin. Le couperet tombe. Les titres.

Voix off:
Je méprise la poussière qui me compose et qui vous parle. On peut la persécuter, et la tuer. Mais je défie qu'on m'arrache cette vie indépendante que je me suis donnée dans les siècles et dans les cieux.


Mise en ligne: 22 janvier 2008

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- 25 AOUT 2006 -
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